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Un contrat algérien catastrophique

Un contrat qui a mal tourné en Algérie a grandement fragilisé l’une des plus importantes firmes d’ingénierie du Québec, le Groupe SM international (SMi), qui vient d’obtenir la protection du tribunal pour se remettre sur pied financièrement, a appris «Le Journal de Montréal».

Ce coup dur survient un peu moins d’un an après l’arrestation par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) du fondateur de SMi, Bernard Poulin, qui contrôlait l’entreprise montréalaise jusqu’en juin.

SMi traîne des dettes totalisant 184 millions $. Une bonne partie de celles-ci découlent d’un contrat que l’entreprise a décroché en 2011 pour construire le nouveau siège social d’Air Algérie à Alger, qui lui a fait perdre au moins 80 millions $.

«Avec les dettes qui ont été emmagasinées, il y a beaucoup de frais d’intérêt, beaucoup de remboursements à faire et l’entreprise n’en est plus capable», a expliqué au «Journal de Montréal» le comptable Paul Lafrenière, qui vient d’être nommé chef de la chef de la restructuration de SMi.

Décision défavorable en Suisse

Les dirigeants actuels de SMi, Richard Breault et Gérard Laganière, espéraient qu’un tribunal d’arbitrage international allait leur permettre de récupérer au moins 60 millions $ dans le litige. Or, la décision rendue il y a dix jours en Suisse n’a accordé absolument rien à l’entreprise.

C’est ce qui a contraint SMi à recourir à la Loi sur les arrangements avec les créanciers, vendredi dernier.

Selon le site Tout sur l’Algérie, des modifications apportées au projet d’Air Algérie ont entraîné des dépassements de coûts et des retards, ce qui a poussé le transporteur à résilier le contrat en 2013.

Air Algérie a par la suite obtenu la restitution d’une avance de 21,8 millions $ qu’elle avait versée à SMi pour les travaux. Le remboursement a été effectué par la société d’État Exportation et Développement Canada (EDC), qui garantissait la somme au nom de la Banque Nationale d’Algérie et de la Banque Nationale du Canada.

L’automne dernier, EDC a déposé une poursuite en Cour supérieure pour réclamer à 20,7 millions $ à SMi. Dans un document déposé au tribunal, EDC a dit craindre que SMi ne «dilapide» plus de 7 millions $.

«SMi est déterminée à tout faire pour conserver une somme qui ne lui appartient pas», alléguait EDC dans le document.

Un prêteur aux commandes

Quoi qu’il en soit, M. Poulin a déjà perdu le contrôle de SMi. La firme albertaine Aleris, qui a investi 40,5 millions $ dans SMi depuis 2013, a obtenu la majorité des droits de vote de l’entreprise en juin en raison du non-respect de certaines conditions d’emprunt. Dans ses plus récents états financiers, Aleris a estimé que son placement dans SMi ne vaut plus que 10 millions $.

Malgré tout, Paul Lafrenière croit que SMi a de bonnes chances de survie.

«Toutes les unités d’affaires contribuent (financièrement) au groupe», a-t-il dit.

Le parcours de SM international

En 1972, Bernard Poulin fonde Labo S.M., qui deviendra le Groupe SM international (SMi).

L’entreprise emploie actuellement près de 1000 personnes.

Peu de temps après sa fondation, l’entreprise participe aux travaux de construction du barrage hydroélectrique LG-2, devenu Aménagement Robert-Bourassa.

Dans les années 1980, l’entreprise acquiert plusieurs bureaux d’étude au Québec.

Dès le milieu des années 1980, SMi réalise des projets à l’étranger, notamment au Sri Lanka, au Mexique, au Brésil et en Chine.

Dans les années 2000, SMi ouvre des bureaux en Ontario, en Saskatchewan, en Alberta, en Colombie-Britannique, aux États-Unis, en Algérie, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Suisse.

En 2013, devant la commission Charbonneau, Rosaire Sauriol de Dessau affirme que sa firme fait partie d’un cartel à Longueuil avec SMi, SNC-Lavalin, Genivar (devenu WSP) et CIMA +.

En 2016, 37 ingénieurs de SMi paient des amendes à leur ordre professionnel pour avoir servi de prête-noms dans le cadre de dons politiques de 1998 à 2010.

En septembre 2017, Bernard Poulin est accusé de fraude, de complot et de corruption des affaires municipales en compagnie d’autres dirigeants de firmes de génie et de Frank Zampino, ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

Sylvain Larocque

tvanouvelles.ca

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